3,5 millions de personnes concernées en France ; seuls 20 % des patients “à risque” diagnostiqués ; 170 000 séjours hospitaliers enregistrés en 2017… De quelle maladie parle-t-on ? Vous en saurez plus en lisant le rapport de la table ronde organisée par Santé respiratoire France. Celle-ci a réuni des experts de premier plan sur cette pathologie aussi commune que méconnue : la BPCO.
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BPCO, quatre lettres pour signifier “bronchopneumopathie chronique obstructive”. Mais cet acronyme reste, malgré les années et le nombre d’individus touchés, très peu connu du grand public. Pourtant déclarée priorité nationale par la HAS, ayant bénéficié du premier parcours de soins d’une maladie chronique à avoir été intégralement révisé par l’instance (2019), où des indicateurs de qualité de ce même parcours ont été élaborés (2022) … On peut espérer que pour le grand public, voire pour une partie des soignants, ces 4 lettres évoquent chaque année un peu plus la maladie potentiellement invalidante et grave qu’elle est en réalité.
Car du point de vue du diagnostic, de la prise en charge et bien évidemment de la prévention, le chemin à parcourir reste long. Voici quelques chiffres dont on se passerait bien : à peine plus de 20 % des patients à risque font l’objet d’une mesure de fonction respiratoire, indispensable au diagnostic ; seuls 34,2 % des personnes malades diagnostiquées bénéficient d’une surveillance annuelle de leur fonction respiratoire ; à peine un tiers des patients accèdent à une rééducation par un kinésithérapeute ou en réadaptation respiratoire après une exacerbation aiguë. Et, de manière générale, 70 à 90 % des malades présentant une obstruction bronchique chronique ne se savent pas malades.
Renforcer la connaissance et la visibilité de la BPCO est impératif. Un nombre croissant d’actions d’information et de formation auprès des professionnels de santé doivent être conduites, et de sensibilisation auprès du grand public, des patients et des décideurs poursuivies.
Le retard au diagnostic représente une véritable perte de chance pour le patient, qui ne pourra pas bénéficier au plus tôt de conseils personnalisés et d’une prise en soins adaptée à sa condition. La faute, parmi d’autres, à la banalisation de la bronchite chronique, terme bien trop léger pour une pathologie si grave, ou encore à la toux du fumeur prêtant encore trop à la fatalité sans conséquence.
Gageons que pour faire progresser la connaissance et le dépistage de la BPCO, le dispositif “Mon bilan prévention”, porté conjointement par le ministère de la Santé et l’Assurance maladie, sera l’une des réponses appropriées, parmi tant d’autres. Cette consultation de prévention est une idée défendue de longue date par Santé respiratoire France.
À cette intention, intégrer la spirométrie (un outil diagnostique fondamental dans l’évaluation des fonctions pulmonaires) dans le dispositif “Mon bilan prévention” permettrait enfin d’adopter une approche proactive, vers une “médecine de trajectoire”. Et même si la spirométrie ne peut être intégrée en première intention, l’objectif de la consultation de prévention est de détecter la situation clinique nécessitant cet examen, orientant ainsi le patient vers une prise en charge appropriée.
Outre la prévention (les infections respiratoires sévères, le tabagisme passif in utero ou dans l’enfance et, bien entendu, un tabagisme actif précoce obèrent la fonction respiratoire tôt chez l’adulte), la prise en charge, devenue ces récentes années la « prise en soins » pour une signification plus humaine du patient souffrant de BPCO doit, elle aussi, évoluer. Le soin, les actions sociétales conduites pour ces malades sont primordiales. En effet, parmi d’autres chiffres, 33 % des malades diagnostiqués BPCO pendant leur vie active ont dû changer de métier ou arrêter de travailler. Ce pourcentage atteint 70 % pour les BPCO sévères (stade 4). 29 % des patients connaissent une évolution négative de leur situation financière depuis la détection de leur BPCO. L’anxiété et la dépression sont largement présentes, avec à la clé le repli sur soi et souvent celle, en miroir, de leurs aidants. La prise en soins globale et personnalisée du patient est une évidence, incluant l’activité physique adaptée pour les patients BPCO qui le nécessitent. Et ils sont nombreux.
De plus, promouvoir la réadaptation respiratoire est une nécessité urgente, la faire connaître des patients et des médecins pour que ces derniers la prescrivent. Il faut qu’elle soit développée sous toutes ses formes (en hospitalisation à temps complet, ou à temps partiel-ambulatoire, à domicile, ou sous forme hybride en y associant de la téléréadaptation), personnalisée, transdisciplinaire, intégrée dans le quotidien des patients et des aidants.
👉 Pour approfondir vos connaissances sur tous ces aspects de la maladie, les enjeux de santé publique, ainsi que les messages promus par Santé Respiratoire France, nous vous invitons à consulter le compte-rendu de la table ronde intitulée “Vivre avec une BPCO : Comment répondre aux besoins ?” qui s’est tenue en octobre 2023 (télécharger le compte-rendu). Cette session a abordé diverses problématiques liées à la vie quotidienne avec la BPCO, au dépistage et aux initiatives de santé publique, mettant en lumière les défis et les solutions pour répondre aux besoins des personnes concernées.
Experts intervenant : Mme Aurélie CHARVOZ (Ergothérapeute au centre de réadaptation respiratoire Renée Sabran, Hyères) ; Mme Agnès de CHASSEY, Patient-expert BPCO et membre de Santé respiratoire France ; Dr Catherine GRENIER, Directrice des assurés à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) ; Dr Jean-Marie GROSBOIS, Pneumologue, expert de la réadaptation respiratoire à domicile, membre du bureau Alvéole, groupe expert de la SPLF pour la réadaptation respiratoire et l’exercice et membre de Santé respiratoire France ; Dr Amélie LANSIAUX, Directrice de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins (DAQSS) à la Haute Autorité de Santé (HAS) ; Dr Frédéric LE GUILLOU, Pneumologue, Président de Santé respiratoire France, et le Pr Nicolas ROCHE, Pneumologue à l’hôpital COCHIN (Paris).