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Bien inhaler son traitement bronchodilatateur, un geste qui n’a rien d’anodin

Le constat est sans appel : 60 à 80% des personnes BPCO ne se servent pas correctement de leur inhalateur. Or, un traitement bronchodilatateur qui n’est que partiellement délivré au plus près des bronches est risqué pour la santé : une étude française vient en effet de relier la survenue d’exacerbations sévères de BPCO avec une mauvaise utilisation des systèmes d’inhalation.

Les règles de bonne utilisation des systèmes d’inhalation sont primordiales pour une délivrance efficace du traitement bronchodilatateur. Une étude, première du genre et conduite par le Pr Mathieu Molimard, spécialiste en pneumologie-pharmacologie et directeur du département hospitalo-universitaire de pharmacologie de Bordeaux révèle que leur mauvaise manipulation est associée à la survenue d’exacerbations sévères de BPCO. Conduite en vie réelle auprès de 3000 patients BPCO, elle était présentée fin janvier 2017 au 21ème congrès de Pneumologie de Langue Française (27-29 janvier 2017, Marseille) *. « Nous avons constaté une grande fréquence des erreurs d’utilisation, pointe Mathieu Molimard. Les erreurs graves (susceptibles de limiter la dose inhalée arrivant au contact des bronches) sont associées à un risque doublé (6% contre 3% sur les trois derniers mois) d’exacerbations graves de BPCO c’est-à-dire conduisant à une hospitalisation. Une dose incomplète équivaut à un traitement partiel ou pas de traitement du tout. Une preuve en miroir que ces traitements sont utiles ! »

Faire parvenir un produit dans les bronches n’a rien de naturel. Malgré tout, c’est le moyen de délivrance ayant le meilleur rapport bénéfice/risque. Il permet d’obtenir des concentrations élevées de principe actif au niveau de la bronche. Par comparaison, la voie orale (comprimé) requerrait une forte concentration de principe actif dans le sang pour espérer une concentration satisfaisante dans la bronche. Au risque d’effets secondaires généraux bien supérieurs.

 

Une longue durée de traitement, facteur de risque d’erreur

Selon les résultats, entre 60 et 80% des personnes commettent au moins une erreur, indépendante du dispositif. Ces erreurs peuvent ne pas trop porter à conséquence (manque d’expiration avant inhalation, absence d’apnée pendant les quelques secondes après l’inhalation). A l’inverse, d’autres peuvent être graves c’est-à-dire affecter sensiblement le dépôt pulmonaire. Il s’agit, par exemple, d’un défaut d’inspiration par la bouche à travers l’embout buccal, de souffler dans l’inhalateur de poudre sèche avant l’inhalation ou d’inspirer par le nez.

Âge, sexe… aucun profil particulier des personnes susceptibles de faire des erreurs d’inhalation ne ressort, en dehors du fait de ne pas avoir assisté à une démonstration d’utilisation, de n’avoir jamais lu la notice, de ne pas prendre son traitement de manière régulière et surtout d’utiliser son système depuis longtemps. Dans ce cas, le risque est grand de se tromper. « Ça n’est pas parce qu’on a expliqué une fois à la personne comment se servir de son inhalateur qu’elle est à l’abri d’erreurs de manipulation, insiste Mathieu Molimard. Vérifier régulièrement leur bon maniement est essentiel. Les personnes BPCO mais aussi asthmatiques devraient contrôler leur utilisation, inhalateur en main, avec leur médecin traitant, pneumologue, pharmacien ou kinésithérapeute au moins une fois par an ».

Dernier constat de l’étude, tout type de dispositif peut entraîner des erreurs. « Il n’y a pas de dispositif idéal, ajoute le Pr Molimard, et quel que soit l’inhalateur, il est possible de commettre des erreurs graves qui mènent à l’hôpital. Chaque dispositif possède ses avantages et ses inconvénients ».

Hélène Joubert, journaliste scientifique
Parution février 2017

 

*European Respiratory Journal, In press

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