En cette fin avril, la saison pollinique est déjà bien avancée. L’allergie est une épidémie moderne ; en Europe, entre un quart et un tiers de la population souffre d’allergies respiratoires, mais aussi alimentaires, aux insectes etc. La principale cause des maladies allergiques, pour une part allant de 15 à 20%, reste l’exposition aux pollens ou les allergies à la pollution intérieure (acariens, moisissures, animaux de compagnie etc.).
Malheureusement, il n’y a plus de saison ! Les périodes de pollinisation des arbres, par exemple, s’étendent de plus en plus, dès le mois de février, parfois janvier. Pollens d’herbacées, d’arbres, de graminées ou de la terrible ambroisie se succèdent au fil des mois, laissant peu de répit aux allergiques. Pour l’anecdote, un pied d’ambroisie produit un million de grains de pollen et cinq grains/m3 d’air suffisent à déclencher une allergie !
Quoi qu’il en soit, la présence d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) n’exclut pas la possibilité d’avoir aussi une rhinite ou un asthme allergique. C’est ce que l’on appelle un « ACOS » (acronyme d’Asthme COPD Overlap Syndrome) ou syndrome de recouvrement asthme/BPCO. La définition de ce syndrome est assez récente ; elle date de 2014. Il s’agit de patients âgés de plus de 40 ans au moment du diagnostic, qui présentent des caractéristiques à la fois d’asthme et de BPCO. S’il est souvent difficile de faire la part des choses entre l’une ou l’autre de ces deux maladies bronchiques, ces personnes sont de fait plus à risque d’exacerbations sévères et d’un déclin rapide de leur fonction respiratoire. D’où l’intérêt de consulter en cas de manifestations respiratoires préoccupantes, notamment lors des pics polliniques.
La prise en charge des allergies ne doit pas être mise de côté au prétexte que l’on est avant tout une personne BPCO. Cette composante allergique doit être soignée, avec les thérapeutiques médicamenteuses adaptées mais aussi les conseils aux allergiques telle l’éviction des pollens autant que possible et surtout ne pas hésiter à prendre un traitement antihistaminique en plus de ses médicaments habituels. Y compris si cela constitue une pression médicamenteuse supplémentaire.
Frederic Le Guillou
Quel « pollen » fait-il aujourd’hui ?
Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (R.N.S.A.) fournit des informations en temps réel sur la pollinisation. www.pollens.fr