8ÈME RENCONTRE : FEMMES ET bpco, qu'attend-on pour agir ?

L’association organise tous les ans ces Rencontres annuelles pour débattre et proposer des pistes de réflexion sur tout ce qui peut améliorer la prise en soins des malades et leur qualité de vie.

Femmes et BPCO, qu'attend-on pour agir ?

 Novembre 2015
9h30 – 12h30
Palais du Luxembourg, salle Monnerville

Femmes et BPCO, qu'attend-on pour agir ?Femmes, tabac et BPCO : les femmes plus menacées et vulnérables que les hommes !

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une affection résultant d’une interaction entre une prédisposition génétique encore mal connue et l’impact de facteurs environnementaux incluant la fumée du tabac, des aérocontaminants professionnels ou domestique. En France, la BPCO concerne 3,5 millions de personnes dont 50% de femmes. L’ Association BPCO interpelle les autorités de santé et fait 7 propositions qui peuvent tout changer.

Aujourd’hui 50% des malades souffrant de BPCO, grave maladie respiratoire principalement due au tabagisme, sont des femmes. Un chiffre que l’on doit à 4 facteurs : les femmes n’ont jamais été aussi nombreuses à fumer, elles sont physiologiquement plus exposées que les hommes à une dégradation respiratoire, elles ignorent tout ou presque de ce risque et sont diagnostiquées trop tardivement. L’Association BPCO tire la sonnette d’alarme et consacre son colloque 2015 à cette urgence de santé publique avec 7 propositions phares qui pourraient améliorer drastiquement la situation.

Infographie : BPCO, ce tueur silencieux qui aimait les femmes !

Infographie Femme et BPCO

Les femmes et le tabac : une évolution dramatique de la consommation

En France, 24,3% des femmes âgées de 15-75 ans fument et 40% de femmes fumeuses sont âgées  de moins de 17 ans. Les Françaises n’ont jamais autant fumé et sont de plus en plus nombreuses à fumer quotidiennement (27% en 2010 contre 23% en 2005 (1)). Une prévalence élevée et sans cesse croissante du tabagisme féminin qui s’explique par l’adoption sociologique du comportement tabagique des hommes au cours des dernières décennies et par un marketing agressif des fabricants pour séduire cette cible.

La BPCO, un tueur qui aimait particulièrement les femmes...

Face aux risques du tabac, la parité n’existe pas. La dégradation respiratoire due au tabagisme est plus rapide chez la femme que chez l’homme (2) : une étude menée pendant 15 ans sur une cohorte de jeunes gens âgés de 10 à 18 ans (3) a montré que le déclin du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) annuel était de 31mL chez les sujets féminins fumeurs contre 9mL chez les sujets masculins fumeurs.

Une vulnérabilité face aux méfaits du tabac qui signifie qu’à tabagisme égal, les femmes ont tendance à développer précocement une forme plus sévère de BPCO (4) avec des particularités cliniques spécifiques : moins d’expectoration, plus de toux nocturne, de dyspnée et de fatigue. Une BPCO qui s’accompagne de plus de comorbidités, avec un risque d’ostéoporose élevé et une souffrance psychologique plus intense (alors que la dépression est un facteur d’aggravation de la BPCO, les femmes ont plus à souffrir que les hommes du regard social sur leur affection) et in fine une qualité de vie plus altérée que chez les hommes fumeurs (2). Pourtant, les femmes restent très largement sous-diagnostiquées (5), le diagnostic de BPCO étant moins souvent porté devant le cas d’une femme fumeuse (49%) que devant le cas d’un homme fumeur (64,6%) (6); une situation imputable à une vision anachronique de la maladie que l’on associe encore trop souvent aux hommes faute d’avoir pris conscience de la féminisation massive du comportement tabagique.

Sylviane A., patiente BPCO qui témoignera le 10 novembre prochain lors du Colloque de l’Association BPCO explique : « Je souffre de BPCO depuis plus de 15 ans, mais il y encore quelques semaines, je ne le savais pas. Au cours des dernières années, j’ai vu plusieurs fois un spécialiste, qui me disait que je souffrais de « déficience respiratoire bronchique », d’asthme, de bronchites chroniques, et j’enchainais les traitements. C’est une bronchite particulièrement sévère qui m’a enfin amenée dans le bureau d’un pneumologue récemment… le verdict est tombé et le mot « BPCO » est prononcé pour la première fois en mai 2015. Pendant 15 ans, ma capacité respiratoire s’est dégradée, silencieusement, progressivement… Malgré mes quintes de toux, mes fausses routes, mes bronchites asthmatiques, personne ne m’avait dit que ce dont je souffrais était la conséquence du tabac et qu’il était vital pour moi d’arrêter. On ne m’a pas non plus proposé de m’y accompagner.

 

Femmes, tabac, BPCO : un colloque national et 7 propositions pour tout changer !

Forte de ses 12 ans d’existence et de ses 2500 adhérents (malades et professionnels de santé) répartis sur tout le territoire, l’Association BPCO est seule dans le paysage associatif des maladies respiratoires à occuper, exclusivement, le domaine de la BPCO. Elle mène un combat permanent pour lutter contre ce mal endémique qu’est la bronchopneumopathie chronique obstructive à travers des opérations de prévention et de mobilisation pour un meilleur diagnostic et une meilleure prise en charge et en débattant et proposant des pistes de réflexion sur tout ce qui peut améliorer la qualité de vie des patients. Les femmes étant particulièrement vulnérables face à la BPCO, l’association développe régulièrement des actions spécifiques à ce public : dernièrement, les 11, 12, 13 septembre 2015, 3 jours d’animation, incluant des ateliers de prévention et de mesure du souffle par des pneumologues ont ainsi été proposés aux 40 000 participantes inscrites à La Parisienne, 1ère course féminine européenne.

Cette année, l’Association BPCO a décidé d’aller plus loin en faisant de la nécessité de lutter contre la consommation tabagique et sa féminisation et d’oeuvrer pour une meilleure information et prise en charge des patientes touchées par la BPCO, le sujet de son colloque annuel.
Ce colloque qui réunira décideurs politiques, médecins, patients et associatifs sera l’opportunité pour l’Association BPCO de présenter 7 propositions concrètes qui pourraient bien tout changer si les autorités de santé s’en emparaient. Parmi ces pistes, la prise en compte dans le programme scolaire d’un enseignement sur les risques du tabac, ce dès l’école primaire, un volet « risques et méfaits du tabac » intégrés dans le programme d’EPS au collège et lycée, le repérage systématique de la BPCO chez toutes les femmes fumeuses et une grande campagne de sensibilisation et prévention à la BPCO…

(1) Etat de santé de la population en France, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques 2015
(2) « Existe-t-il des spécificités chez les femmes atteintes de BPCO ? » C.Raherison, E. Biron, C. Nocent-Ejnaini, C. Taillé, I. Tillie-Leblond, A. Prudhomme.
(3) Gold DR, Wang X, Wypij D, Speizer FE, Ware JH, Dockery DW. Effects of cigarette smoking on lung function in adolescent boys and girls. N Engl J Med 1996;335:931-7.(
(4) Prescot E, Bjerg AM, Andersen PK, Lange P, Vestbo J. Gender difference in smocking effects on lung function and risk on hospitalization for COPD ; results from a Danish longitudinal population study. Eur Respir J 1997;10:822-7.
(5) Chapman KR, Tashkin DP, Pye DJ. Gender bias in the diagnosis of COPD . Chest 2001;119:1691-5.