Les résultats fournis par le Baromètre santé Inpes 2014, pour satisfaisant qu’ils apparaissent, ne doivent pas cacher la foret : la prévalence tabagique reste globalement élevée en France, avec 34 % de fumeurs actuels (fumant de temps en temps) chez les Français âgés de 15 à 75 ans. Elle reste largement supérieure à celle de nombreux autres pays occidentaux. De même, le nombre de personnes qui expérimentent le tabac reste trop important (près de 80 %).
Ces résultats confirment la nécessité de poursuivre la politique engagée pour faire reculer le tabagisme en France, en renforçant la prévention pour éviter l’entrée dans le tabagisme et en agissant efficacement pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. C’est l’enjeu du Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) lancé par la ministre de la Santé, Mme Marisol Touraine, le 25 septembre 2014.
Plusieurs mesures ont été mises en oeuvre depuis septembre 2014 par la ministre de la Santé : diffusion de la campagne d’information « le tabac tue un fumeur sur deux » ; triplement du forfait substitut nicotinique pour les jeunes de 20 à 25 ans ; encadrement de la publicité pour les cigarettes électroniques. Dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la santé au Parlement en avril, le gouvernement intégrera par amendement des mesures du PNRT. au premier rang figure le sujet du paquet neutre de cigarettes, pour lutter efficacement contre le marketing. Seront également visés les espaces de vente sans publicité, les véhicules de particuliers sans tabac en présence d’enfants. L’interdiction de la publicité pour les cigarettes électroniques et l’interdiction de vapoter dans certains lieux publics sera confirmée. Enfin, les policiers municipaux seront habilités à exercer les contrôles de la règlementation liée au tabac. Dans le cadre de la lutte contre le tabagisme auprès des jeunes populations, la future loi devra confirmer l’interdiction des arômes artificiels qui attirent les jeunes. Enfin, la loi précisera également la transparence du lobbying de l’industrie du tabac.
Consommation de tabac des femmes en baisse significative
La consommation de tabac chez les femmes de 20 à 25 ans est passée de 39 % en 2010 à 32,5% en 2014 et de 35,7% à 28,7% pour les femmes de 26 à 34 ans. Mais le cancer du poumon est depuis quelques années la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes, avec 8 623 décès en 2012, juste derrière le cancer du sein.
17,8% des femmes enceintes fument toujours au troisième trimestre de leur grossesse. Il s’agit du taux le plus élevé d’Europe. Marisol Touraine a annoncé la mise en place du pictogramme « femmes enceintes » qui apparaîtra systématiquement sur tous les paquets de cigarettes dans un délai de six mois, pour sensibiliser les femmes aux dangers du tabac pendant leur grossesse.
Cigarette électronique : poursuivre la vigilance.
La ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, suit de très près l’évolution de la consommation de cigarettes électroniques et a rappelé que si la cigarette électronique peut éventuellement être utilisée pour aider à l’arrêt du tabac, son encadrement doit être renforcé pour éviter l’incitation des jeunes à commencer à fumer. En effet, le Baromètre indique que les « vapoteurs » sont en moyenne plutôt jeunes : 8% des 25-34 ans sont des utilisateurs quotidiens ; 45% des 15-24 ans ont essayé la cigarette électronique. Rappelons que la vente de cigarettes électroniques aux mineurs est interdite depuis juin 2013.
Les salariés adeptes de la cigarette électronique peuvent actuellement vapoter au travail en toute impunité, sauf interdiction expresse dans le règlement intérieur de l’entreprise. Cette situation juridique restée longtemps floue et méconnue, qui devrait changer sous peu. Le gouvernement a en effet annoncé en septembre, dans le cadre du plan anti-tabac, qu’il prévoyait d’interdire l’usage de l’e-cigarette dans les espaces clos collectifs de travail, via un amendement au projet de loi santé attendu en avril au Parlement. Selon le ministère de la Santé, cet amendement “sera présenté dans le cadre de l’examen du projet de loi en séance publique et s’appuiera sur l’avis rendu par le Conseil d’Etat le 17 octobre 2013”. Celui-ci préconise d’interdire le vapotage dans certains espaces collectifs, notamment au travail
Lors de la présentation de son projet de loi devant la Commission des Affaires sociales de l’Assemble nationale, le 17 mars dernier, la ministre de la Santé a souligné qu’au cours des débats à venir avec les députés, elle leur proposera d’adopter par amendements les mesures issues du Programme national de réduction du tabagisme. “Je pense notamment à l’interdiction de fumer en voiture en présence d’enfants ou à la mise en place du paquet neutre de cigarettes, que le Parlement britannique vient d’adopter. Cette stratégie coordonnée a été saluée unanimement par l’ensemble des associations antitabac”, a ajouté la ministre.
JJC