La Haute autorité de santé (HAS) recommande un rappel vaccinal pour les personnes de plus de 65 ans et celles à risque de forme grave de Covid-19, dont font partie les insuffisants respiratoires chroniques. Les créneaux sont ouverts dès ce lundi 30 août, pour des injections à partir du 12 septembre. Cette dose de rappel ne sera pas nécessaire pour conserver son pass sanitaire.
Qui peut bénéficier d’une troisième dose de vaccin contre la Covid-19 ?
La campagne de rappel vaccinal au moyen d’une dose supplémentaire de vaccin à ARNm est à ce jour recommandée à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus, ainsi que pour celles présentant des maladies associées (comorbidités) qui augmentent le risque de formes graves de Covid-19 et de décès.
Le ministère des Solidarités et de la Santé a justifié cette décision, soulignant qu’un « consensus scientifique » se formait autour de l’idée qu’un « phénomène d’affaiblissement des barrières immunitaires » apparaissait chez les personnes les plus fragiles.
Parmi les comorbidités retenues figurent les maladies chroniques comme l’obésité, le cancer, une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une insuffisance respiratoire (asthme, fibrose pulmonaire, etc.), une insuffisance cardiaque, une hypertension artérielle compliquée, la trisomie 21, les transplantations d’organes solides, les troubles psychiatriques, un antécédent d’accident cardio-vasculaire… (cf encadré).
Seront prioritaires les personnes souffrant de pathologies à très haut risque – dont les immunodéprimées – répertoriées par le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COS) (certaines maladies rares à expression motrice ou cognitive du système nerveux central, maladies auto-immunes et auto-inflammatoires systémiques rares, maladies hépatiques rares de l’enfant et de l’adulte, maladies neuromusculaires, sclérose latérale amyotrophique, certaines maladies rares dermatologiques, abdominothoraciques, immuno-hématologiques, rénales, respiratoires ou de l’os) (La liste ici).
Le rappel prendra majoritairement la forme d’une troisième dose de vaccin. Il pourra aussi s’agir d’une seconde dose, pour les individus n’ayant reçu qu’une injection par le passé (par exemple, celles ayant contracté la Covid-19), ou même d’une quatrième, pour les personnes immunodéprimées ayant déjà reçu trois doses (100 000 d’entre elles ont déjà reçu une troisième dose et s’apprêtent à en recevoir une quatrième).
La Direction générale de la santé (DGS) précise qu’à ce jour, les patients ayant contracté la Covid-19 postérieurement à leur premier schéma vaccinal ne doivent pas se voir proposer de dose de rappel.
Y a-t-il une baisse de l’efficacité des vaccins ?
L’avis de la HAS s’appuie sur les études récentes qui montrent une réduction de l’efficacité de tous les vaccins, en particulier contre le variant Delta. Cette baisse d’efficacité concerne surtout l’infection et les formes symptomatiques, l’efficacité contre les formes graves restant élevée. Si la HAS « observe également une légère baisse d’efficacité sur les formes graves qui restent globalement bien couvertes par les vaccins », elle insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’études observationnelles qui comportent de nombreux biais, ce qui ne permet pas de conclure.
La baisse d’efficacité touche toutes les populations mais les personnes âgées et les populations à risque de formes graves sont les plus affectées. Cette dernière affirmation laisse présager la décision ultérieure d’étendre le rappel à l’ensemble de la population française. C’est d’ores-et-déjà l’avis du Pr Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, pour qui une troisième dose de vaccin sera probablement nécessaire « pour une grande partie de la population » a-t-il expliqué sur Europe 1, avec un rappel qui servira à « restimuler la réponse immunitaire au vaccin ».
À ce jour, la question de la nécessité d’un rappel de vaccin contre la Covid-19 fait l’objet de discussions au niveau international. Certains pays ont déjà commencé ou vont commencer très prochainement des campagnes de rappel en population générale (Israël, Allemagne, Suède, Royaume-Uni, États-Unis). Toutefois, d’autres pays, en accord avec les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé et de l’EMA (Agence européenne du médicament), attendent des données supplémentaires avant de recommander une dose de rappel en population générale.
Quand effectuer le rappel vaccinal avec la 3ème dose ?
Cette dose de rappel doit être administrée après un délai d’au moins six mois suivant la primovaccination complète.
Avec quels vaccins contre la Covid-19 effectuer la dose de rappel ?
La HAS préconise une dose de rappel avec un vaccin à ARNm pour toutes les personnes primovaccinées (administration de la première dose de vaccin) avec le vaccin de Janssen (à partir de quatre semaines après l’injection).
Pour les personnes primovaccinées par les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, la HAS estime qu’il n’y a pas d’argument suffisant, à ce jour, pour préférer un vaccin à l’autre pour la dose de rappel, « les deux vaccins à ARNm disponibles (Comirnaty® et Spikevax®) étant tous les deux très efficaces contre les formes graves de Covid-19, y compris celles liées au variant Delta ».
Faut-il réaliser une sérologie pour vérifier son taux d’anticorps avant la dose de rappel ?
Certains scientifiques sont en faveur des tests sérologiques préalables pour vérifier le niveau des anticorps – qui ne baisseraient pas forcément chez tous les vaccinés – car on ne dispose pas encore de notion fiable sur la durée de l’immunité conférée par les vaccins. Le Pr Jean-François Delfraissy juge à ce stade la démarche inutile, faute de bons corrélats de protection entre le niveau d’anticorps et la force de l’immunité.
Où se faire vacciner pour la 3ème dose ?
La campagne va se dérouler comme pour la première vaccination : les résidents d’Ehpad et d’unités de soins de longue durée (USLD) seront vaccinés sur place, à partir du 13 septembre. Les autres catégories d’individus concernés pourront se faire vacciner en centre, en pharmacie ou chez un médecin, par du Moderna ou du Pfizer selon le lieu.
Penser au vaccin antigrippal !
La HAS préconise que cette campagne de rappel vaccinal contre la Covid-19 soit associée à celle contre la grippe saisonnière, afin de simplifier le parcours, puisque les individus éligibles à ces deux vaccinations sont souvent les mêmes. Un intervalle de deux semaines est néanmoins requis entre les deux vaccins, dès lors qu’ils ne sont pas effectués en même temps.
Peut-on se faire vacciner si on a un « Covid long » ?
Toute personne ayant un antécédent d’infection par le SARS-CoV-2 peut se voir proposer la vaccination anti-Covid-19 deux mois après un test positif. La Direction générale de la santé (DGS) précise que « dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’y a pas de contre-indication à la vaccination des patients présentant des symptômes prolongés de la Covid-19. Au contraire, dans le cas de symptômes prolongés de la Covid-19 liés à une infection non contrôlée, la vaccination pourrait même contribuer à la guérison » **. En effet, les résultats de certaines études semblent indiquer une amélioration des symptômes chez certains patients après vaccination.
Covid-19 : un outil d’information en ligne sur la vaccination
Les équipes du Centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu (Paris, AP-HP), de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université de Paris ont développé un outil en ligne à propos du bénéfice/risque de la vaccination, permettant notamment de visualiser les risques de décès, d’hospitalisation et de Covid long avec et sans vaccination, ainsi que les effets indésirables graves de la vaccination en fonction de l’âge et du sexe***.
3 142 patients de la cohorte ComPaRe (Communauté de Patients pour la Recherche, initiée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ont participé à son évaluation****.
Rappelons que les soignants, les professionnels travaillant auprès des personnes fragiles (hôpitaux, cliniques, Ehpad, professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, sapeurs-pompiers, ambulanciers…) et les gendarmes sont soumis à une vaccination obligatoire. Au 16 octobre, ils devront prouver un schéma vaccinal complet.
Se renseigner aussi sur le site d’information officiel « Vie Publique » : https://www.vie-publique.fr
Références : * https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-08/avis_n2021.0061.ac.seesp_du_23_aout_2021_du_college_de_la_has_sur_la_campagne_de_rappel_vaccinal_contre_la_covid_19.pdf ** Sources : DGS. Accès à la vaccination dans le cas de symptômes prolongés de la COVID-19. 20/08/2021. *** Quels sont les bénéfices et risques des vaccins contre la Covid-19 ? **** Etude ComPaRe : un patient sur douze hésitant à se faire vacciner change d’avis après avoir consulté des informations sur les bénéfices et les risques des vaccins (communiqué de presse Inserm)
| Les pathologies à très haut risque de décès comprennent les personnes atteintes de trisomie 21, transplantées d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, insuffisants rénaux (dialysés) et les personnes présentant des affections préexistantes rares et graves ou des handicaps graves. Les pathologies à haut risque de décès comprennent les personnes présentant un diabète (de type 1 et de type 2), une obésité (IMC > 30 kg/m2), un cancer, une BPCO ou une insuffisance respiratoire, une insuffisance cardiaque, une hypertension artérielle compliquée, auxquels s’ajoutent désormais les personnes présentant une maladie hépatique chronique, des troubles psychiatriques, une démence, un antécédent d’accident vasculaire cérébral. Référence : Haute Autorité de Santé. Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov-2. Actualisation des facteurs de risque de formes graves de la Covid-19 et des recommandations sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner : HAS; 2021. Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov-2 – Actualisation des facteurs de risque de formes graves de la Covid-19 et des recommandations sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner. |