Les apnées du sommeil ou plus exactement le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) toucheraient au moins 5 % des adultes, soit trois millions de Français, un chiffre très sous-estimé selon les spécialistes. Or, c’est un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires, mais aussi de dépression et de fatigue. Les repérer, c’est préserver sa santé.
Combien de personnes ne sont pas diagnostiquées ?
Dr Frédéric le Guillou : Les apnées du sommeil sont une maladie chronique très fréquente qui touche trois millions de personnes en France. Toutes les tranches d’âges sont concernées. Mais on estime que sept personnes apnéiques sur dix ne sont pas diagnostiquées. Les apnées sont encore moins souvent diagnostiquées chez les femmes
Pourquoi tant de personnes ignorent leur maladie ?
Les signes de cette maladie ne sont pas spécifiques. Ils sont souvent banalisés et inconstants (le ronflement, la fatigue, la somnolence, etc.), rendant la prise de conscience de la maladie difficile. De plus, les symptômes progressent sur plusieurs années, ce qui facilite l’ « adaptation » du patient à ses symptômes, qu’il a alors tendance à sous-estimer.
Le déni ou le refus d’une personne à faire établir un diagnostic d’apnée existe aussi. En effet, l’annonce d’une maladie chronique et d’un traitement de longue durée peut entraîner une multitude de réactions émotionnelles chez la personne concernée : mal-être, angoisses, etc. Si la mise en place du traitement fait disparaître ces signes, sa nature et son utilisation peuvent être une source de nouvelles angoisses. Très envahissant dans une vie de couple, l’appareillage par pression positive continue (PPC) peut également se révéler un handicap, modifier la perception que la personne peut avoir de son corps et ainsi altérer l’image et l’estime qu’elle a d’elle-même.
Comment mieux repérer les personnes qui en souffrent ?
En informant, en sensibilisant les professionnels de santé à ce diagnostic et à ses conséquences pour le patient. Dans la prise en charge des maladies chroniques, et notamment des apnées du sommeil, les associations de patients jouent également un rôle capital. Elles aident à faire connaître la maladie afin d’améliorer l’accès au diagnostic et à la prise en charge, notamment en utilisant les médias et les réseaux sociaux pour sensibiliser la population susceptible de faire des apnées. A ce sujet, l’association Santé respiratoire France avait proposé la création et le financement par l’Assurance-maladie d’une consultation de prévention dédiée aux maladies respiratoires chroniques dont font partie les apnées du sommeil. Nous n’abandonnons pas.