BPCO, les news en bref

 

Nous avons digéré pour vous l’actualité scientifique récente sur la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Tour d’horizon.

 

• La réduction de la fonction pulmonaire et un risque accru de développer une BPCO sont quatre fois plus fréquents avec la pollution de l’air qu’avec le tabagisme passif, dans des régions ayant des concentrations de PM_2,5 (diamètre des particules fines en suspension dans l’air) supérieures à la recommandation annuelle moyenne de 10 μg/m³ de l’Organisation mondiale de la Santé. L’Union européenne fixe une valeur limite concernant les PM_2,5 de 25 µg/m³, ce qui est pourtant bien plus élevé que les niveaux associés, selon les chercheurs, à une réduction de la fonction pulmonaire !

Eur Respir J. 2019 July 8. pii: 1802140. doi: 10.1183/13993003.02140-2018. PMID: 31285306. 

 

• Dans le sevrage tabagique, une revue Cochrane (revue de la littérature indépendante) révèle qu’un traitement nicotinique de substitution (TNS) associant plusieurs formes serait plus efficace pour l’arrêt du tabagisme qu’un TNS sous une seule forme. Un TNS utilisé en association (forme à action rapide + patchs) entraîne des taux d’arrêt du tabagisme plus élevés à long terme qu’un TNS sous une seule forme. Enfin, les formes de TNS à action rapide (chewing-gums, pastilles à sucer) sont aussi efficaces que les patchs à la nicotine.

Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 4. Art. No.: CD013308. DOI: 10.1002/14651858.CD013308.

 

• Peut-on motiver l’arrêt du tabac chez un fumeur en lui faisant prendre conscience des risques biomédicaux personnels qu’il encourt ? Il est possible pour cela de doser le monoxyde de carbone (CO) dans le gaz expiré, d’évaluer la fonction respiratoire par spirométrie ou encore de préciser la susceptibilité génétique au cancer bronchique, à la BPCO et à bien d’autres maladies liées au tabac, ou de visualiser à l’échographie les plaques d’athérome dans les carotides. Cependant, là aussi, une revue indépendante Cochrane montre que l’effet dissuasif espéré n’est pas au rendez-vous, quel que soit le biomarqueur utilisé, seul ou associé. Il faut donc aller chercher la motivation ailleurs que du côté de ces « biomarqueurs ».

Clair C et coll. : Biomedical risk assessment as an aid for smoking cessation. Cochrane Database Syst Rev. 2019 ; publication avancée en ligne le 26 mars.

 

• La réhabilitation respiratoire améliore la marche chez les personnes BPCO. Dans cette étude, une réhabilitation respiratoire adaptée effectuée pendant huit semaines a permis chez des patients BPCO sévères de raccourcir la durée de leur pas grâce à l’amélioration de la fonction des muscles des membres inférieurs.

J Clin Med 2019.Publication avancée en ligne le 5 avril. doi: 10.3390/jcm8040459.

 

• Il n’y aurait pas de risque cardiovasculaire accru chez les patients BPCO modérés à sévères et à haut risque cardiovasculaire qui prennent des antagonistes muscariniques à longue durée d’action (LAMA, en particulier le bromure d’aclidinium étudié ici).  

The ASCENT-COPD Randomized Clinical Trial. JAMA. 2019;321(17):1693-1701. doi: 10.1001/jama.2019.4973. PMID: 31063575

 

• 73% des Français (78% des citadins) approuveraient une interdiction de fumer autour des écoles, sur les plages, dans les abribus ou encore sur les terrasses en plein air. Toutes les classes d’âge s’accordent sur ce point.

Etude quantitative de l’institut Opinion way (2019).

 

• L’insuffisance cardiaque gauche est potentiellement sous-détectée et donc sous-traitée chez les patients atteints d’une BPCO. Or, les comorbidités (maladies associées) cardiovasculaires aggravent la morbidité et les résultats des patients atteints d’une BPCO. A la décharge des médecins, les symptômes d’une insuffisance cardiaque gauche se chevauchent avec ceux de la BPCO.

Alter P. Under Detection of Left Heart Failure in COPD: Results from the COSYCONET Cohort. Abstract A7041. ATS 2019.

 

• Les résultats d’une étude in vitro, à confirmer, suggèrent que l’exposition aiguë aux e-liquides ou la consommation d’e-cigarettes exacerbe la dysfonction endothéliale, qui précède souvent l’apparition de maladies cardiovasculaires. L’endothélium des vaisseaux (couche interne de la paroi des vaisseaux en contact avec le sang) joue un rôle important et bénéfique sur la fonction vasculaire parce qu’il libère un certain nombre de facteurs qui régulent le tonus vasculaire, l’adhésion des cellules, la fibrinolyse (dissolution des caillots sanguins) et le flux sanguin.

Lee WH et coll. : Modeling Cardiovascular Risks of E-Cigarettes With Human-Induced Pluripotent Stem Cell–Derived Endothelial Cells. J Am Coll Cardiol 2019;73:2722–37.

 

• Le vapotage devance la cigarette chez les jeunes. L’enquête EnClass de L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) révèle que si la consommation de tabac et de cannabis diminue, celle d’alcool reste stable. Chez les collégiens et lycéens, « l’affirmation du rebelle, cette façon de s’affirmer à travers le tabac est en train de s’estomper », explique Stanislas Spilka, responsable du pôle Enquête et analyses statistiques (OFDT). En 2018, 53% des lycéens affirment avoir déjà fumé dans leur vie, contre 60,9% en 2015. Idem pour l’usage régulier : 17,5% des lycéens sont des fumeurs réguliers, ils étaient 23,2% en 2015. En parallèle, il y a une augmentation de l’usage de la e-cigarette : 35,1% des adolescents avaient déjà vapoté en 2015, contre 52,1% en 2018. Beaucoup de ces vapoteurs ne fument pas ou n’ont même jamais fumé de tabac. L’interdiction de la vente de tabac et d’alcool ne semble absolument pas respectée : 77% des lycéens fumant quotidiennement disent acheter leur tabac chez le buraliste.

https://www.ofdt.fr/enquetes-et-dispositifs/enquete-enclass/

 

• Les vapoteurs français représentent 3,8% de la population âgée de 18 à 75 ans, quasiment tous des fumeurs ou des ex-fumeurs (plus de 99%) selon le Baromètre de Santé publique France 2017 paru en juillet 2019. Parmi les vapoteurs, entre 2014 et 2017 la part de fumeurs quotidiens a diminué (de 64,5% à 39,7%) et celle des ex-fumeurs a augmenté (de 23,5% à 49,5%). Environ 700 000 ex-fumeurs (plus de 6 mois d’arrêt) déclarent que la cigarette électronique les a aidés à arrêter de fumer.

https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/enquetes-etudes/barometre-de-sante-publique-france-2017.-usage-de-la-cigarette-electronique-tabagisme-et-opinions-des-18-75-ans

 

• Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains conduisent des investigations concernant 94 « cas possibles d’atteintes pulmonaires sévères » potentiellement liés au vapotage, signalés entre le 28 juin 2019 et le 15 août 2019. 31 dossiers sont aujourd’hui dûment confirmés et les autres font l’objet de recherches complémentaires. Dyspnée et/ou douleurs thoraciques principalement, voire fièvre, toux, vomissements et diarrhées… La plupart des personnes ont dû être hospitalisées et certaines ont nécessité des soins intensifs ou une réanimation. L’enquête se concentre sur le type de substances utilisées, alors que différents produits ont été évoqués : nicotine, huile de THC, cannabinoïdes synthétiques, cocktail de substances, voire liquides artisanaux. Par ailleurs, les investigateurs évoquent la possibilité de lots frelatés.