La parole à Dr Mathieu Larrousse, pneumologue libéral à Toulon (Var)
Pourquoi vous consacrer à la recherche clinique en parallèle à votre activité de médecin libéral ?
Dr M.L : Lors de mon internat, j’ai pris goût à la recherche clinique, académique et en partenariat avec l’industrie pharmaceutique. Il était évident pour moi de visser ma plaque en tant que pneumologue libéral mais aussi de poursuivre cette activité de recherche. C’est pourquoi, à l’aide de trois associés, nous avons structuré en 2004 un véritable centre de recherche clinique privé sur un modèle similaire à celui des centres universitaires publiques de recherche.
Participer au progrès médical conjointement à l’exercice de la médecine permet de diversifier son activité ; c’est aussi une autre manière de penser la pratique médicale quotidienne en s’intéressant aux thérapeutiques les plus en pointe et à l’élaboration de nouveaux traitements et protocoles de prise en charge. En résumé, il s’agit de se poser la question : « Mon patient est-il soigné de manière optimale ? N’ai-je pas de traitement plus efficace et adapté à son cas personnel et celui-ci est-il disponible ? ».
A quels types d’essais cliniques participez-vous ?
Dr M.L : Au vu des exigences règlementaires concernant la recherche clinique, la création d’une structure dédiée est un passage presque obligé pour être accepté dans les protocoles de recherche nationaux et internationaux. C’est aussi quasiment le seul moyen d’y investir du temps.
Notre structure participe à des essais cliniques essentiellement centrés sur la recherche médicamenteuse, de phases 2b-3 (testant l’efficacité d’une molécule avant sa commercialisation). Ce sont des essais multicentriques interventionnels et internationaux dans la majorité des cas. Les laboratoires pharmaceutiques les plus importants font appel à nous et nous faisons désormais partie d’un réseau international de recherche clinique.
Quels sont les atouts mais aussi les difficultés de la recherche clinique par des médecins libéraux ?
Dr M.L : Grâce à notre participation aux études, nous avons accès le plus précocement possible aux innovations thérapeutiques pour nos patients et la possibilité pour nous, médecins, d’apprendre à les manipuler. Nous avons aussi pu tester des médicaments qui n’ont pas été commercialisés par la suite mais qui ont rendu des services à certains de nos patients.
Sur le plan personnel, cette activité est enrichissante. Elle requiert une grande motivation, une rigueur dans la conduite des essais et de ce fait une pratique quotidienne exemplaire et scrupuleuse. Notre activité libérale nous permet de sélectionner facilement de nombreux patients d’où un recrutement large et rapide, comparé aux centres universitaires qui doivent faire face à de multiples contraintes (indépendance des experts, charges et lenteurs administratives, lenteur de recrutement).
Si elle est chronophage et nécessite un surcroît de temps de travail et l’emploi de personnel collaborateur (infirmière, secrétaire etc.), la recherche clinique génère néanmoins un chiffre d’affaire qui rend l’activité viable.
Quelle est votre pierre à l’édifice dans la recherche sur la BPCO ?
Dr M.L : En règle générale, dans les essais avec l’industrie pharmaceutique, notre centre se place dans le trio de tête des recruteurs français voire européens.
Nous participons actuellement à trois essais cliniques dans la BPCO. Par le passé, nous avons contribué aux études qui ont permis l’arrivée sur le marché de l’ensemble des molécules les plus récentes (bronchodilatateurs, association de bronchodilatateurs, nouveaux protocoles de prise de traitement, futures triples associations, dispositifs électroniques associés aux inhalateurs).
Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste.