En ce mois de juin, la France connaît plusieurs épisodes de fortes chaleurs, particulièrement difficiles à supporter pour les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques. Pourquoi ces pathologies rendent-elles plus vulnérables face aux températures élevées et quels gestes adopter pour se protéger efficacement ?
BPCO, asthme, fibroses pulmonaires, etc. Pourquoi les fortes chaleurs vous rendent-elles particulièrement vulnérables ?
Les épisodes de fortes chaleurs, voire de canicule, peuvent potentiellement aggraver des pathologies respiratoires existantes, comme l’asthme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), mais également les maladies infiltratives (aussi appelées interstitielles) telles que les fibroses pulmonaires, ou encore la mucoviscidose. En effet, les fortes chaleurs peuvent favoriser certains symptômes tels qu’une gêne respiratoire, une sensation de manque d’air accompagnée d’un essoufflement (dyspnée).
« Tout comme l’air sec et l’air froid, les températures caniculaires peuvent être source d’exacerbations (détérioration brutale de l’état respiratoire), sur le moment même, et parfois plus tardivement », indique le pneumologue Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France. « Quand il fait chaud, on observe une augmentation franche du nombre de crises d’asthme chez les enfants », complète le Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue (CHU de Pointe-à-Pitre).
« Ces exacerbations sont principalement la conséquence de la déshydratation, explique Frédéric Le Guillou. Or, les températures très élevées provoquent une sudation plus importante (phénomène qui permet de réguler la température corporelle), accentuant ainsi la déshydratation de l’organisme. »
De plus, un autre phénomène intervient pour réguler la température interne : la convection thermique, c’est-à-dire le transfert de chaleur et d’énergie vers le milieu extérieur, laquelle est favorisée par l’usage de ventilateurs ou de climatiseurs qui, en plus de déshydrater, dessèchent. Le rejet accru de vapeur d’eau par la respiration du fait de l’augmentation de la fréquence respiratoire – associé à l’utilisation de systèmes de convection comme les ventilateurs et les climatiseurs qui favorisent le dessèchement – accroît encore le risque de déshydratation chez les personnes vulnérables que sont les insuffisants respiratoires.
Par ailleurs, le soleil et la chaleur favorisent les épisodes de pollution à l’ozone, gaz irritant qui a des effets directs sur la muqueuse protectrice des bronches, et dont les signes immédiats sont associés à une diminution de la fonction respiratoire (irritation de la gorge, des bronches, etc.).
Les mesures à prendre en cas de canicule
🔸 S’hydrater suffisamment et avec de l’eau (pas d’alcool ni de substances sucrées comme les glaces).
📌 Les règles essentielles d’hydratation |
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Boire régulièrement, sans attendre d’avoir soif → La sensation de soif est un signal tardif, surtout chez les personnes âgées ou fragilisées. Privilégier l’eau → Eau plate ou légèrement minéralisée. Éviter les boissons sucrées, alcoolisées ou trop caféinées, qui peuvent accentuer la déshydratation. Adapter les quantités à l’âge et à l’activité → En moyenne, 1,5 à 2 litres d’eau par jour, davantage en cas de chaleur, d’activité physique ou de fièvre. Fractionner les prises → Boire par petites quantités tout au long de la journée (verres d’eau, infusions tièdes ou fraîches, bouillons légers…). Consommer des aliments riches en eau → Fruits (pastèque, melon, fraises), légumes (concombre, tomate, courgette) et yaourts contribuent à l’hydratation. Surveiller les signes de déshydratation → Bouche sèche, fatigue inhabituelle, maux de tête, étourdissements, urines foncées et peu abondantes. Adapter la température des boissons → Préférer des boissons fraîches mais pas glacées, pour éviter les chocs thermiques. |
Avec une précaution chez les personnes fragiles, dont les insuffisants respiratoires, et qui font de l’hypertension artérielle et sont sous médicament diurétique, prévient le Pr Xavier Girerd, cardiologue et président de la Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle (FRHTA) : « En cas de déshydratation, si l’eau que l’on boit ne s’accompagne pas d’électrolytes (sodium ou autres), notre organisme va stocker cette eau démunie d’électrolytes et contribuer à créer un trouble potentiellement grave que l’on appelle l’hyponatrémie, ce qui signifie la baisse du taux de sodium dans le sang. Le médicament diurétique prescrit pour faire baisser la tension favorise un trouble très particulier. Par conséquent, si on a un traitement qui contient un diurétique (hydroclorothiazide, indapamide…), celui-ci doit être stoppé en cas de canicule et pendant toute la durée de l’épisode de très forte chaleur, lorsque la température est au moins égale à 35°C. La prise en abondance de boissons favorise l’hyponatrémie. D’où les accidents hypernatrémiques lors de la canicule par l’excès d’hydratation. L’astuce : arrêter les diurétiques et continuer à s’alimenter en plus de boire. »
🔸 Prendre des précautions lorsque l’on utilise des systèmes de convection (ventilateurs, climatiseurs).
Utiliser des humidificateurs d’air, des linges mouillés placés devant les fenêtres.
🔸 Pour les personnes sous oxygénothérapie
Celles-ci doivent placer un humidificateur sur l’appareil à oxygène car ce dernier dessèche lui-même les muqueuses respiratoires, une conséquence encore plus importante en cas de fortes chaleurs. En général, l’humidificateur est conseillé au-delà de 3 litres par minute, mais ce peut être bien en deçà en cas de canicule.
🔸 Quant à l’adaptation du traitement de fond inhalé, la posologie doit être transitoirement augmentée en cas de déséquilibre et d’apparition de symptômes (toux, sifflements…).
Il est sage d’envisager avec son pneumologue un plan d’action qui permette de gérer en autonomie son traitement inhalé lors d’expositions intenses, notamment à la canicule, afin de prévenir le risque d’exacerbation de sa pathologie.