Saisie par le ministère chargé de la Santé, la Haute Autorité de santé publie une recommandation concernant l’intégration du nouveau vaccin Abrysvo dans la stratégie de prévention des infections par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez le nourrisson, responsable notamment de bronchiolites (1). Depuis l’année dernière, la prévention était majoritairement assurée par l’injection du traitement d’immunisation passive par anticorps monoclonal Beyfortus chez le nouveau-né. Avec cet avis, la HAS recommande également l’alternative du vaccin chez la femme enceinte, au 8e mois de grossesse.
« Santé respiratoire France plaide pour le remboursement de ce vaccin. Seule une prise en charge par l’Assurance maladie favorisera un large accès par la population, indique le Dr Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France. Il paraît indispensable, sur le plan sanitaire et médico-économique, que le vaccin soit remboursé, vu les chiffres des infections sévères et des hospitalisations provoquées par ce virus. Les données mettent en évidence l’importance d’une politique de prévention efficace, au service de la population. Avec l’arrivée de ce vaccin, et encore une fois sous réserve de son remboursement, les parents pourraient ainsi avoir le choix, dès septembre, entre deux possibilités pour protéger leur nourrisson contre les infections causées par le VRS. » |
Quelle efficacité du vaccin contre le VRS chez le nourrisson ?
En matière d’efficacité du vaccin, les estimations issues de l’étude MATISSE (2) montrent une réduction des infections respiratoires sévères liées au VRS : 81,8 % à 3 mois et 69,4 % à 6 mois. Une réduction des hospitalisations est également observée : 67,7 % à 3 mois et 56,8 % à 6 mois. Concernant la tolérance du vaccin, il n’a pas été rapporté d’augmentation d’événements indésirables graves ni chez la mère, ni chez le nouveau-né.
La HAS insiste cependant sur l’importance de mettre en place une pharmacovigilance renforcée pour documenter un éventuel surrisque de naissances prématurées (non significatif pour ce vaccin, mais ayant conduit à l’arrêt du développement d’un vaccin concurrent). Dans l’attente de ces données, la HAS positionne par précaution cette vaccination au huitième mois de grossesse, plus précisément entre les 32e et 36e semaines d’aménorrhée.
Vaccination maternelle ou immunisation du nourrisson, que choisir ?
La HAS précise que ce sont deux stratégies alternatives.
◾ Quels sont les avantages et inconvénients de Beyfortus ?
Parmi les avantages on compte l’efficacité confirmée en vie réelle depuis septembre 2023 (lien sur l’article), l’efficacité et la sécurité pour les nouveau-nés prématurés, et la possibilité d’administration jusqu’aux 2 ans du bébé.
Parmi les inconvénients figurent la nécessité de réaliser une injection sur le nourrisson, et cela le plus tôt possible, ainsi que le risque d’émergence de mutations virales susceptibles de diminuer à terme la sensibilité du VRS au Beyfortus, justifiant l’intérêt de disposer d’une alternative vaccinale.
◾ Quels sont les avantages et inconvénients de la vaccination maternelle ?
Les avantages de la vaccination maternelle incluent l’absence d’injection pour le nouveau-né et une protection dès la naissance contre le VRS. Le vaccin pourrait aussi être plus résistant à d’éventuelles mutations du virus au niveau de la protéine F du virus.
Les inconvénients comprennent une réduction d’efficacité si trop peu d’anticorps sont fabriqués par la mère et/ou transmis au nouveau-né, une baisse progressive de l’efficacité du vaccin qui ne dure que jusqu’aux 6 mois du bébé, et une surveillance renforcée en raison d’une augmentation des naissances prématurées observée avec un vaccin maternel autre que Abrysvo. C’est d’ailleurs pourquoi la vaccination n’est envisagée qu’au huitième mois de grossesse (entre les 32e et 36e semaines d’aménorrhée), pour minimiser ce risque.
👉 Dans trois situations, l’immunisation passive avec Beyfortus est à privilégier : lorsque la vaccination ne sera probablement pas efficace (comme chez les nouveau-nés prématurés ou avec un intervalle de moins de 14 jours entre la vaccination et la naissance), en cas d’une nouvelle grossesse chez une mère précédemment vaccinée (faute de données sur la sécurité et l’efficacité d’une dose additionnelle de vaccin), et pour les femmes immunodéprimées, en l’absence de données d’efficacité et d’immunogénicité du vaccin dans cette population.
Compte tenu du caractère saisonnier du VRS et de la protection offerte par les vaccins pendant les six premiers mois après l’accouchement, la HAS recommande la tenue concomitante de la campagne de vaccination des mères par Abrysvo et de la campagne d’immunisation des nouveau-nés et des nourrissons par Beyfortus. Cette recommandation s’applique particulièrement pendant la période allant de septembre à janvier pour la France hexagonale. |
POUR ALLER PLUS LOIN :
« Comment renforcer la prévention des infections à VRS à tous les âges de la vie ? (table ronde, avril 2024)