Le calendrier vaccinal français 2025 insiste sur la vaccination des personnes âgées contre le virus respiratoire syncytial et le pneumocoque, encore trop peu protégées malgré leur risque élevé ; pour la grippe, le Covid, le tétanos-diphtérie-poliomyélite et le zona, les taux de couverture restant insuffisants. Quant au vaccin antigrippal haute dose, longtemps demandé par la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et les professionnels prenant en charge les personnes âgées et/ou fragiles, il est désormais recommandé par la Haute autorité en santé (HAS) de manière préférentielle chez toutes les personnes de 65 ans et plus pour la saison hivernale prochaine, au même titre qu’un autre vaccin antigrippal dit « adjuvé » pour renforcer la réponse immunitaire.
« C’est une annonce très positive, en parfaite cohérence avec les recommandations formulées par la SPLF, partage avec enthousiasme la Pre Claire Andrejak, présidente de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), Je ne sais pas s’il sera effectivement disponible pour la prochaine campagne… Je l’espère ! ».
Le vaccin antipneumococcique conjugué 20-valent pour tous les 65 ans et plus
- La vaccination des personnes âgées progresse cette année avec deux nouveautés dans le calendrier vaccinal 2025. D’abord, le vaccin antipneumococcique conjugué 20-valent (Prevenar 20, qui protège contre 20 sérotypes – c’est à dire « variantes » du virus – différents de la bactérie Streptococcus pneumoniae) est désormais recommandé pour l’ensemble des adultes de 65 ans et plus, et non plus uniquement celles qui ont une maladie associée (« comorbidité »).
- Rappelons que les personnes âgées représentent 60 % des hospitalisations annuelles pour infections à pneumocoque. Pourtant, moins de 20 % des plus de 65 ans sont vaccinés.
Virus respiratoire syncytial : trois vaccins pour les plus de 65 ans à risque
- Autre nouveauté, le vaccin contre le virus respiratoire syncytial (Arexvy, Abrysvo ou mResvia) est introduit dans le calendrier vaccinal pour toutes les personnes de plus de 75 ans, ainsi que pour celles de 65 ans et plus présentant des comorbidités (une pathologie respiratoire chronique ou cardiaque susceptibles de décompensation lors d’une infection à VRS).
- Une campagne de vaccination sera désormais organisée chaque année entre septembre et janvier, avec l’utilisation, sans hiérarchisation, des trois vaccins autorisés.
Grippe : deux vaccins à privilégier pour les personnes âgées de 65 ans et plus
La vaccination contre la grippe saisonnière est recommandée chaque année, en priorité pour les personnes de 65 ans et plus, les femmes enceintes et tout individu dès l’âge de 6 mois ayant une comorbidité (bronchopneumopathie chronique obstructive/BPCO, asthme ou, plus généralement, des maladies respiratoires ou autres).
Le fardeau de la grippe a longtemps été sous-estimé. Avant la pandémie de Covid-19, les tests diagnostiques étaient peu utilisés, et les conséquences de la grippe (hospitalisations ou décès) survenaient souvent à distance de l’infection, par décompensation d’une pathologie chronique sous-jacente. D’après Santé publique France, la grippe a été mentionnée comme cause d’environ 10 000 hospitalisations après un passage aux urgences chez les plus de 65 ans pendant la saison 2023-2024. Pour l’hiver 2024-2025, les hospitalisations ont été évaluées à 20 000, avec un excès de mortalité de 14 000 décès, en grande partie imputables à la grippe, et touchant principalement des personnes âgées.
Dans le cadre de la stratégie vaccinale contre la grippe saisonnière, la Haute Autorité de santé recommande depuis le 9 mai 2025 que les vaccins Efluelda (haute dose) et Fluad (adjuvanté) soient utilisés de manière préférentielle chez les personnes de 65 ans et plus, par rapport aux vaccins injectables à dose standard. Elle les positionne au même niveau, faute de données permettant de trancher sur une éventuelle différence d’efficacité entre les deux.
« C’est une excellente nouvelle pour la population des seniors, commente le Dr Frédéric le Guillou, pneumologue et président de Santé respiratoire France. Les personnes âgées constituent un cinquième de la population française, mais représentent 44 % des admissions en réanimation pour grippe. Cette recommandation de la HAS mérite d’être salué. »
Précisément, les vaccins Efluelda (Sanofi) et Fluad (Vifor France) contre la grippe (virus influenza) se distinguent des vaccins inactivés standards utilisés en France. Efluelda contient une dose quatre fois plus élevée en antigènes, tandis que Fluad est formulé avec un adjuvant destiné à renforcer la réponse immunitaire. Ces formulations ont été développées spécifiquement pour les personnes âgées, chez qui la réponse immunitaire s’affaiblit avec l’âge (phénomène d’immunosénescence).
Côté efficacité, en 2023-2024, celle du vaccin standard était estimée à 59 % en moyenne chez les moins de 65 ans, contre 38 % chez les 65 ans et plus.
Des données récentes ont montré que les vaccins Efluelda et Fluad réduisent le nombre d’hospitalisations et de cas de grippe (confirmés en laboratoire) chez les personnes âgées, avec un gain estimé entre 15 et 25 % par rapport aux vaccins standards. Le gain d’efficacité des vaccins Efluelda et Fluad par rapport aux vaccins standard pourrait, chaque année, éviter entre 750 et 8 410 hospitalisations (en fonction de l’intensité des saisons grippales) et entre 4 500 et 24 290 consultations liées à la grippe chez les personnes de 65 ans et plus.
Les données de pharmacovigilance et de tolérance confirment la sécurité d’utilisation des deux vaccins. Dix pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada, privilégient déjà l’usage des vaccins haute dose ou adjuvanté chez les personnes âgées.
Les avis de la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé sont attendus prochainement en vue du remboursement des vaccins Efluelda et Fluad et, par conséquent, leur mise à disposition.
Infections graves : les personnes âgées restent les plus touchées, mais peu vaccinées
Au-delà des nouveautés, les autorités rappellent l’importance des vaccins déjà recommandés chez les seniors – grippe, Covid, DTP, zona – mais encore trop peu suivis. D’après la Dr Caroline Semaille, directrice de Santé publique France lors de la conférence de presse annonçant le Calendrier vaccinal français 2025, seule une personne de plus de 65 ans sur deux est vaccinée contre le DTP ou la grippe. La couverture vaccinale spécifiquement contre la grippe pour la saison 2024-2025 est restée stable par rapport à la saison précédente. Elle progresse légèrement avec l’âge, atteignant 61 % chez les personnes de 75 ans et plus.
Par ailleurs, avant l’élargissement des recommandations, moins d’une sur cinq avec comorbidités (maladie associées) était protégée contre le pneumocoque.
Au-delà des personnes âgées de 65 ans, certains individus présentent un risque accru de formes sévères de grippe. Il s’agit notamment de ceux atteints de maladies chroniques, en particulier les affections pulmonaires, cardiaques, rénales, le diabète ou les pathologies associées à une immunodépression. Ces personnes sont plus exposées aux complications graves de l’infection. En effet, le vieillissement du système immunitaire associé à une fréquence élevée des comorbidités rend les personnes âgées particulièrement vulnérables aux infections virales, notamment la grippe. Cette dernière peut entraîner des complications graves, avec un risque multiplié par huit d’accident vasculaire cérébral et par dix d’infarctus du myocarde.
Le bilan de prévention proposé entre 60 et 65 ans pourrait servir de levier pour relancer la vaccination dans cette tranche d’âge. D’ores et déjà, pour mieux s’y retrouver, Santé publique France a conçu une carte simplifiée pour résumer les six vaccinations recommandées aux seniors.
| Grippe, des craintes pour les plus jeunes |
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| Un collectif composé de 20 sociétés savantes de pédiatrie et de 91 associations de patients, dont Santé respiratoire France, alerte sur l’absence du vaccin nasal vivant atténué (3 valences du virus Influenza) dans la campagne de vaccination antigrippale 2025-2026, déjà lancée dans l’hémisphère Sud. Ce vaccin n’est pas disponible en raison d’un avis défavorable de la Commission de la transparence (CT), malgré un avis favorable au remboursement de la Haute autorité de santé rendu le 26 mars 2025 pour les 2-17 ans. Pragmatique, cette dernière en recommande l’utilisation préférentielle en raison de sa meilleure acceptabilité auprès des plus jeunes (absence d’injection). Les signataires demandent qu’au minimum une amélioration « mineure » du service médical rendu soit reconnue, notamment pour que les enfants les plus vulnérables puissent être plus facilement vaccinés, comme les asthmatiques. L’asthme constitue en effet la principale comorbidité pédiatrique en cas d’hospitalisation pour grippe. Pourtant, la couverture vaccinale contre la grippe reste faible : 16 % à 23 % chez les 2-5 ans, 19 % à 32 % chez les 6-14 ans. Depuis l’avis du 24 mai 2023, le vaccin nasal n’est plus commercialisé en France, à la différence de 17 pays européens et 24 au total dans le monde ! |
Références :
« Grippe saisonnière : la HAS précise la place des vaccins Efluelda et Fluad dans la stratégie vaccinale » COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 09 mai 2025 ; Warren-Gash C, Bet al. Laboratory-confirmed respiratory infections as triggers for acute myocardial infarction and stroke: a self-controlled case series analysis of national linked datasets from Scotland. Eur Respir J. 2018 Mar 29;51(3):1701794 ; Coût de la grippe : et si on protégeait mieux et dépensait moins ?Collectif AgrippeToi (21/03/2025) ; Vaccination en France. Bilan de la couverture vaccinale en 2024. le 28 avril 2025 par Santé publique France ; FLUENZ (vaccin grippal trivalent, vivant atténué, nasal) – Vaccin antigrippal HAS / AVIS SUR LES MÉDICAMENTS – Mis en ligne le 07 avr. 2025 ; Transition du vaccin antigrippal FLUENZ, de sa forme quadrivalente à une forme trivalente, dans la stratégie de vaccination contre la grippe saisonnière. HAS – 20 déc. 2024 ; Virus Infection and Severe Asthma Exacerbations: A Cross-Sectional Study in Children’s Hospital 1, Ho Chi Minh City, Vietnam. Pediatric Respirology and Critical Care Medicine 7(1):p 20-25, Jan–Mar 2023.
Article rédigé par Hélène Joubert, journaliste ; relu et validé par le Dr Frédéric le Guillou