Apnées du sommeil : comment est posé le diagnostic ?
En plus de rechercher les symptômes habituels (ronflement, fatigue chronique, somnolence…), le risque d’apnées du sommeil peut être évalué par le biais de questionnaires, comme celui de l’échelle de somnolence d’Epworth.
En complément, un enregistrement du sommeil (polygraphie ventilatoire nocturne ou polysomnographie) permet de poser le diagnostic.
Des outils utiles |
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Certaines applications permettent d’enregistrer les ronflements (telle iRonfle….). Un test d’apnées du sommeil médical certifié dispositif médical est disponible (Sunrise) : des capteurs placés sur le menton enregistrent des mouvements caractéristiques des apnées, qui sont ensuite analysés, permettant de dépister un éventuel syndrome. Cette recherche est soutenue par l’Institut Européen d’Innovation et de Technologie, l’Imperial College London et l’université de Grenoble Alpes. |
Le diagnostic d’apnées du sommeil est posé. Et après ?
Plusieurs traitements peuvent améliorer le flux respiratoire et les risques liés à la maladie, sans pour autant la guérir. Ils sont prescrits par le médecin ayant une compétence particulière dans la prise en charge des troubles du sommeil ou le pneumologue, en parallèle avec la chasse aux médicaments qui favorisent les apnées et à des conseils personnalisés d’hygiène de vie, relatifs à l’activité physique et à une alimentation équilibrée (afin d’agir sur certains facteurs de risque comme le diabète, le surpoids, la sédentarité…), ainsi que l’arrêt du tabac et la limitation de la consommation d’alcool, surtout le soir.
La rééducation linguale avec un kinésithérapeute et/ou un orthophoniste peut être proposée, afin de redonner du tonus à la langue.
La chirurgie peut être proposée en cas d’anomalies anatomiques de la sphère ORL (obstruction nasale, grosse base de langue) ou maxillo-faciales.
Un masque pour traiter les apnées du sommeil
Jusqu’à il y a peu, les solutions médicales n’étaient soit pas satisfaisantes, soit inefficaces, soit difficilement supportables : la chirurgie (amygdalectomie/ablation des amygdales chez l’adulte associée à une résection de la luette et de la partie du tissu mou au fond de la gorge) et le port d’orthèses d’avancée mandibulaire, sortes de gouttières. Dans les apnées légères, ces petits appareils amovibles dégagent le pharynx en avançant la mâchoire inférieure pour maintenir un filet d’air dans la bouche. Cela peut, parfois, suffire.
Puis est arrivée la pression positive continue (PPC). Le malade dort avec un masque narinaire, nasal ou naso-buccal où la pression de l’air inspiré est augmentée (d’à peine quelques millimètres de mercure), levant ainsi le barrage mécanique qui empêche l’air de passer.
La miniaturisation des machines, leur perfectionnement (la bouche n’est plus desséchée notamment) sont tels qu’aujourd’hui, la PPC est bien mieux acceptée qu’auparavant (70 % des malades sont observants à cinq ans), surtout par ceux dont les apnées sont très sévères et qui retrouvent enfin des nuits reposantes. En théorie, la PPC doit être proposée dans les apnées sévères et modérées lorsque ces dernières s’accompagnent d’au moins dix micro-éveilspar heure de sommeil ou en présence d’une maladie cardiovasculaire grave associée.
« Appareiller » ces personnes soufrant d’apnées est indispensable car le bénéfice est formellement démontré, comme le consigne la Haute autorité de santé, tant pour améliorer leur qualité de vie que pour corriger les symptômes (somnolence, fatigue…), l’hypertension et le risque cardiovasculaire associés aux apnées du sommeil, à la condition que la machine soit utilisée un minimum de 4 heures par nuit. Une étude parmi les plus importantes n’a pas montré de bénéfice sur le risque cardiaque (mortalité par infarctus, risque d’accident vasculaire cérébral), mais la machine était utilisée un peu plus de trois heures par nuit (11), ce qui serait insuffisant.
Suivie pendant plusieurs mois, la PPC réduit de manière significative plusieurs composants du syndrome métabolique et améliore la pression artérielle, corrige la variabilité de la glycémie la nuit chez les diabétiques voire la sensibilité à l’insuline.
La PPC est considérée comme le traitement de référence du SAHOS sévère depuis 1981. Elle est d’ailleurs prise en charge à 60 % par la Caisse d’assurance maladie et à 40 % par la mutuelle, voire à 100 % au titre d’une affection de longue durée (ALD). Néanmoins, en pratique, « la PPC devrait être plus couramment prescrite et proposée également dans des formes modérées voire légères, avec un traitement le plus précoce possible pour éviter le développement des complications », résume le Dr Sapène.
Plus d’un million de personnes sont appareillées par PPC en France. On estime que 3 à 4 millions devraient l’être.
Des médicaments exposent aux apnées du sommeil
Certains médicaments sont impliqués dans les apnées du sommeil et, en premier lieu, les neuroleptiques, les opioïdes, les antiépileptiques, les antidépresseurs et les benzodiazépines, dixit le Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Toulouse (12). Comme l’explique le Dr Dany Baud, pneumologue (Paris), en dehors de leur effet dépresseur connu sur les centres respiratoires, certaines de ces drogues, notamment les neuroleptiques, peuvent entraîner des prises de poids importantes ayant pour conséquence des apnées obstructives au cours du sommeil. De façon plus inattendue, viennent ensuite les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), notamment le rofécoxib (retiré du marché en 2004) et à un degré moindre les autres AINS. Le mécanisme évoqué dans la genèse des apnées obstructives est l’oedème des voies aériennes supérieures provoqué par la rétention hydrosodée (le rein a du mal à éliminer le sodium et l’eau), imputable à cette classe médicamenteuse.
A lire sur les apnées du sommeil
Que sont les apnées du sommeil ?
Quel impact des apnées du sommeil sur la santé ?
Qui est concerné ? Quels sont les signes ?
Références (11) N Engl J Med 2016; 375:919-931 (12) Suite à une communication de Linselle M, et al. « Apnées du sommeil d’origine médicamenteuse » 37es Journées de pharmacovigilance. 19-21 avril 2016. Fundam Clin Pharmacol 2016 ; 30 (suppl.1) : 10 (abstract CO-024) et info-Respiration N°138, Avril 2017