Témoignages
« Pratiquer la sophrologie me permet de me reconnecter à la partie de moi-même qui va bien »

« Pratiquer la sophrologie me permet de me reconnecter à la partie de moi-même qui va bien »

Cécile Burrough, 45 ans, thérapeute sophrologue et souffrant de BPCO (Toulouse)

La vie de Cécile est intimement liée à la sophrologie. De nature enjouée et positive, Cécile sait néanmoins que la maladie BPCO dont elle souffre depuis l’âge de 38 ans pourrait facilement la faire basculer dans l’obsession et l’anxiété si elle n’y prenait pas garde. « Pratiquer la sophrologie me permet de me reconnecter à la partie de moi-même qui va bien et de ne pas m’identifier à cette maladie : je ne suis pas « BPCO », je suis « Cécile » et « j’ai une BPCO ». Cette précision sémantique compte beaucoup. La sophrologie permet de gérer cette manière délétère de voir sa vie car un individu n’est pas défini par la maladie. Cette technique contrôle le stress que la BPCO induit et évite même de le ressentir ».

Cécile Burrough poursuit actuellement sa formation de psychanalyste et exerce depuis sept ans en tant que sophrologue, son activité professionnelle principale. « Lorsque je suis tombée malade, raconte-t-elle, hospitalisée pour un pneumothorax [remplissage d’air ou de gaz dans la cavité pleurale, entre les poumons et la cage thoracique, ndlr], j’avais déjà délaissé la sophrologie. En profonde dépression, j’ai pu alors constater à quel point cette thérapie était un outil formidable. En reprenant les exercices, j’ai pu aller mieux. J’ai testé la vie « sans », j’ai testé la vie « avec » la sophrologie et j’ai acquis la conviction que la sophrologie et la méditation sont des outils essentiels, non pas uniquement pour survivre mais pour « bien vivre », pour une vie intéressante, quel que soit l’état de santé, même si celui-ci est très dégradé. Bien entendu, cela exige des efforts. A partir du moment où le diagnostic de BPCO a été posé, je n’ai pas eu d’autre choix que de reprendre toutes les habitudes qui me faisaient du bien et étaient réellement importantes dans ma vie : le sport, ma formation de psychanalyste, la sophrologie et bien sûr l’arrêt de la cigarette. En un sens, la BPCO s’est convertie en une motivation au moment où j’étais en train de passer à côté de ma vie. La BPCO ne vous autorise à aucun laisser-aller ».

Cécile est diagnostiquée malade BPCO très jeune, à l’âge de 38 ans, après des années de tabagisme. Sept années après, malgré l’arrêt du tabac et une hygiène de vie irréprochable, la maladie a évolué, passant du stade 2 au stade 3 avec un emphysème sévère, probablement du fait d’une anomalie congénitale sous-jacente. Récemment, la BPCO s’est stabilisée, alors même que Cécile débutait un bilan en vue d’une greffe pulmonaire. Désormais pressentie pour tester la technique d’ablation par vapeur thermique, elle vient de demander aux médecins une « pause » d’une année ; cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête l’empêchait de se projeter concrètement dans sa vie. Cécile prendra donc, probablement, le chemin de l’hôpital Larrey (CHU de Toulouse) dans un an. En attendant, ravie, elle compte bien développer son activité de sophrologue et profiter de son nouveau domicile où elle a aménagé une salle de sport, son cabinet de sophrologie et une pièce attenante qui pourra accueillir une personne aidante (Cécile vit seule), le jour où elle devra être opérée.

 

La sophrologie apaise et soulage les maux du corps et de l’esprit

Cécile est le thérapeute de personnes souffrant de maladies respiratoires et de cancers. Son objectif est de développer un travail avec des insuffisants respiratoires : « j’ai appris à gérer ma vie avec la maladie respiratoire. Mon expérience et mes connaissances en sophrologie peuvent servir aux autres. La BPCO, pathologie essoufflante, fatigante etc. peut rapidement devenir obsédante et anxiogène, et l’on peut très facilement se replier sur soi-même, voir l’avenir de manière assez sombre, se focaliser sur les activités dont la maladie nous prive. Or, quel que soit le stade de la BPCO, chacun peut, à sa mesure, redevenir acteur de sa vie et vaincre l’impression de subir la maladie, en s’appuyant sur la sophrologie et l’activité physique ».

La sophrologie s’adresse à tous ceux qui désirent « se vivre » sereinement, même dans la maladie, du sportif à l’étudiant, pour accompagner un challenge, une intervention chirurgicale, une maladie ou en cas de dépression, de traumatisme … la sophrologie est un outil qui permet d’« accompagner ». L’un des avantages est de pouvoir le pratiquer seul, chez soi, de manière autonome. Le sophrologue travaille selon quatre axes principaux avec, en premier lieu, le ressenti corporel et le développement des sens (ressentir son corps dans la détente et non pas dans la crispation). « Personnellement, les douleurs dorsales chroniques dues à l’emphysème sont importantes, reconnait Cécile. La sophrologie permet de relâcher énormément de tensions, de se libérer au fur et à mesure de toute contraction autre que la douleur elle-même ». Le second axe concerne la respiration. Il s’agit de retrouver le plaisir de respirer, peu importe le stade de la BPCO. Le troisième axe fait appel à l’imaginaire. « La BPCO a tendance à orienter vers un imaginaire très négatif, explique Cécile. Récupérer la force de l’imaginaire, en positif et en constructif est un objectif de la sophrologie. Il s’agit de se positionner en conscience vers le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ». Le quatrième axe porte sur l’induction cognitive, au moyen d’autosuggestions positives. « On part du principe que l’imaginaire crée la réalité, poursuit-elle, et que l’on finit par devenir ce que l’on pense de soi ».

Cécile est membre du groupe Facebook « La BPCO Sportive ! Les Pathologies Respiratoires en Forme ! » et participe bénévolement à l’action Mai Poumons à Toulouse.

Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste